Hymne Pange Solemnes

Sept siècles de chants et de musique 

à la cathédrale.


Avec l’aimable autorisation de Gwenaël Riou, auteur de l’article d'origine, paru dans                          « la Grâce d’une Cathédrale » aux éditions « la Nuée bleue », 2013,  p 383

 

1.   Les premiers chanteurs 

     Dès le XIIIe siècle, le chant choral résonne à la cathédrale, grâce à la présence d’un ensemble de clercs, apparu en 1221. Par la suite, en 1260, un groupe d’enfants est formé, sous la direction d’un maitre des écoles de grammaire.

      A la fin du XIVe siècle, les choristes de la cathédrale prennent le nom de « massicots » (jusqu’en 1527) puis « sous-chantre » ou « choriste ». Leur rôle était, principalement, d’ornementer les mélodies grégoriennes dans les offices de la journée. Il y avait, en moyenne 4 à 5 massicots attachés et assermentés à la cathédrale.

 

2.   La Psallette

     Bien que la date exacte de création de la psallette nous soit inconnue, son existence est attestée dès le XVe siècle. Les six enfants sont, tout d’abord, logés, avec leurs maîtres (des prêtres du diocèse), dans une maison de la rue Demer, puis dans un autre logement, rue Obscure (actuelle rue Elie-Fréron), détruite au début du XXe siècle. 

    a. "Le XVIIe siècle ; « L’âge d’or de la musique, à la cathédrale".

     Au XVIIe siècle, les moyens financiers dont dispose le chapitre, permettent à celui-ci d’engager et d’entretenir environ neuf musiciens, appelés « suppôts du bas chœur ». Sa composition varie, selon les années : 

                4 à 5 voix solistes

          o   Basse-contre

          o   Basse-taille

          o   Taille

          o   Haute-contre

          o   Un fausset (1670-1762).

               Les sous-chantres

               La psallette

 

    Les Instruments qui les accompagnent sont souvent :

·         le serpent (instrument en bois courbé en plusieurs méandres)

·         le cornet

·         l’orgue de tribune avec lequel ils alternent selon la pratique de l’alternatim, (alternance    chœur-orgue selon les versets pairs et impairs).

                         

    Des musiciens de passage, allant de ville en ville offraient, également,  leur service et leur talent de chanteur, à la journée ou pour une période plus longue. 

 

    La provenance des musiciens et chanteurs était variée ; ils venaient aussi bien du diocèse que d’autres régions de France. Quelques rares étaient directement issus des rangs de la psallette. Les organistes pouvaient également venir de régions extérieures : John Bournes (1610),  Robert Dallam, Thomas Dallam (Angleterre, François – Marie Verax, le Sieur Van ar Ken (Flandres)…..

            

   b.   Les Maîtres de la psallette 

     Engagés pour trois ans, renouvelables, les maîtres de la psallette son issus de plusieurs régions du royaume : Mandes (Mendes ?), Laval, Belfort en Quercy.

 

     Le Prêtre Yves Mao, vient du diocèse de Tours. Il était Maître de musique à Saint-Martin de Tours et devient Maître de la psallette à la cathédrale de Quimper, de 1691 à 1697.

Le sieur Jacquard en 1703.           

 

            Les fonctions et devoirs du Maître de la psallette.

 ·        Nourrir, coucher et élever six enfants.

·         Veiller à la propreté des linges blancs de ces derniers.

·         Veiller aux soins médicaux des enfants.

·         Nourrir (sans fournir le vin) et coucher un maître de grammaire ayant la responsabilité de                conduire les enfants à la cathédrale.

·         Assurer la direction musicale des offices du chapitre.

·         Faire chanter les enfants aux enterrements, services et aux baptêmes, selon le bon vouloir    
          du chapitre. 

·         Diriger la psallette lors des fréries du Saint-Sacrement, Saint-Julien, Saint-Crespin, de la     
          Chandeleur, de Saint Pierre et du Guéodet.

·         Assurer le chant des enfants à l’autel de la Trinité, les premiers dimanches de chaque          
          quartier. 

·         Assurer le chant des enfants à l’autel de Saint-Sébastien, chaque vendredi de l’Avent et                    samedi de Carême, après matines.


   c.   Les chanteurs de la Psallette.

                L’habit de cérémonie des enfants

     Au chœur, les enfants portent une aube, une ceinture de fil blanc, à crochet et un bonnet carré.

    A la psallette, Les enfants portent la soutane.

 

                Le recrutement et le cursus d’un enfant de la psallette.

    Bien que l’origine exacte des enfants ne soit pas certaine, la plupart viennent très certainement, de Quimper et des environs, mais également d’autres diocèses voisins (Saint Brieuc, Normandie, Provence…).

    La durée du cursus est, au mieux, d’une dizaine d’année, selon les qualités techniques et musicales des enfants ; (entrée à six ou sept ans, jusqu’à la mue). A leur sortie, ils reçoivent une somme d’argent et un habit neuf. Les quelques-uns, qui ont des dispositions pour les études, poursuivent leur parcours au collège jésuite de Quimper (1621). Faire carrière à la cathédrale relevait de l’exception. 

    Ainsi, Rolland Capitaine, demeure, après sa sortie de la psallette en 1612, au service de la cathédrale en tant que musicien, jusqu’en 1625.

    Yves Thomas, sorti en 1649 de la psallette, est directement engagé comme fausset.

    Christophe Guyomarch devient, en 1701, organiste de la cathédrale, dès sa sortie de la psallette.

 

 d.   Le XVIIIe siècle ou le temps de l’austérité.

     Au début du XVIIIe siècle, en raison de revenus bien moindres qu’auparavant, le chapitre décide de réduire considérablement son personnel musical. Seuls subsistent six voire quatre enfants, qui sont relogés chez le secrétaire du chapitre, un organiste, un serpent, et un ou deux sous-chantres. Ce qui, en 1725, ne manque pas d’apitoyer le chanoine de Commadeuc qui laisse « par constitution, une somme » afin d’entretenir au moins un sous-chantre. 

    En 1768, une nouvelle baisse des revenus, pour le chapitre, force ce dernier à missionner les chanoines de Farcy, le Gorgeu, et le Normant afin que ceux-ci trouvent « les moyens propres et les moins dispendieux pour la fabrique » de subvenir à l’entretien des enfants de chœur. 

    C’est ainsi que de 1722 à 1772, l’enseignement et l’encadrement des enfants seront assurés par les sous-chantres eux-mêmes.

    A partir de 1772, Jean Moro, joueur de serpent, remplit la charge de maître de la psallette et héberge les enfants chez lui, pourvoyant à leur éducation, grâce à l’aide d’un maître de grammaire et par l’apprentissage d’un instrument de musique.

En 1788, après le renvoi des deux plus grands enfants, les futures choristes devront, dorénavant,  demeurer chez leurs parents. De plus, le chapitre élabore un nouveau plan d’éducation. Un chanoine est désormais chargé de veiller à la bonne conduite, l’éducation, l’instruction, la science et la piété des enfants.

 Cependant, en 1792, le bas chœur est dissout et la maison de la psallette est vendue. 


Pour compléter votre découverte de l'histoire de la musique dans les diocèses de Cornouailles et du Léon, à la période révolutionnaire, cliquez  sur ce lien qui offrira une vue d'ensemble.
 http://philidor.cmbv.fr/Publications/Bases-prosopographiques/MUSEFREM-Base-de-donnees-prosopographique-des-musiciens-d-Eglise-en-1790/Finistere 



                    Le répertoire chanté à la cathédrale

    Outre le plain chant et la pratique du faux-bourdon, peu d’indices nous indiquent précisément ce qui était chanté à la cathédrale outre quelques messes issues des productions parisiennes. 

Certes, certains cérémonials de 1710 et 1733 mentionnent la pratique du « motet en musique » donc, certainement de la polyphonie. Mais de possession de partitions, aucune mention. Notons cependant la présence à Quimper de Louis Chein (1637-1694), musicien et compositeur, issu de la Sainte-Chapelle, à Paris qui pris en charge la direction de la psallette pendant un temps. 

3.   La Maîtrise

     a.   Le XIXe et XXe ; le temps des changements et du renouveau.

    C’est dans la première moitié du XIXe siècle que, lentement, un nouveau groupe de petits chanteurs va se reconstituer, essentiellement grâce à l’aide financière octroyée, annuellement, aux cathédrales, par l’Etat. 

    A partir de 1806 et ce, jusqu’en 1824, quatre enfants sont en charge de répondre à l’office canonial et paroissial. 

    En 1825, le groupe s’élève à huit chanteurs (quatre pour le chant paroissial et quatre pour le chœur). 

Un prêtre pourvoit à leur formation en latin et en français tandis qu’un des musiciens (le 1er chantre, l’organiste ou le joueur de serpent) assurent leur formation musicale.

    1844, se révèle être une année charnière par la décision de Mgr Graveran de recruter comme maître de chapelle, Jean-Baptiste Lack, un Alsacien (qui devint parrain de Jules Heyer, le facteur d'orgue qui travailla sur les orgues de Quimper). Il occupera ce poste durant 38 ans, jusqu’en 1882. De plus, un nouvel orgue de chœur (Jules Heyer – Gloton 1926) est installé. De profonds changements vont dès lors, avoir lieu, tel l’abandon en 1863 du serpent. Mais d’autres modifications se préparent déjà.

    En 1882, Jean-Baptiste Lack est remplacé par L’Abbé le Borgne qui est nommé vicaire, maître de chapelle. Dès lors, un nouveau souffle anime la vie musicale de la cathédrale. Le nouveau maître de musique créé une classe de chant et renforce le recrutement, en lien avec l’école paroissiale, encouragé par le curé de la cathédrale de l’époque, l’abbé de Penfentenyo. 

    Par ailleurs, dans l’élan du renouveau du chant liturgique, il met en place les principes rythmiques du plain chant restauré par Solesmes et son représentant dom Pothier. L’aide de l’Abbé Michel Bargilliat (1853-1933), Canoniste et professeur de musique au grand séminaire de Quimper et compositeur d’un des cantiques dédiés à Saint Corentin : « ô saint pasteur » lui sera, également, très précieuse. En effet, celui-ci publie en 1890 un recueil de mélodies liturgiques en usage dans le diocèse, selon les principes restaurés de Solesmes. Il restera en usage jusqu’en 1912, date à laquelle il sera remplacé par l’édition vaticane.

    L’année 1894 est marquée par une grande célébration donnée le 7 juin,  à l’occasion de l’introduction de la cause de Jeanne d’Arc. Pour mettre en valeur l’événement, pas moins d’un orchestre, un chœur de 70 chanteurs et les deux orgues de la cathédrale sont mis à contribution. 

 

    En 1895, l’abbé Gargadennec succède à l’Abbé le Borgne puis en 1912 c’est l’abbé Gaonarc’h qui reprend les rênes, aidé par la présence des séminaristes qui interprètent, lors des fêtes majeures, des pièces polyphoniques. 

 

    Durant la première Guerre mondiale de 1914-1918, la maîtrise des jeunes chanteurs continuera au gré des permissions, ses activités, malgré les absences de plusieurs de ses encadrants. 

    En Avril 1919, l’abbé Cadiou, après avoir constaté l’état plus que désorganisé de la maîtrise, relance une nouvelle formation de 21 jeunes chanteurs qui se feront entendre, pour la première à la fin de l’année 1919. Par la suite, L’effectif des chanteurs s’élèvera à 25, 30 membres.

    En 1921, l’abbé Cadiou met en place, pour la première fois, une chorale constituée d’une vingtaine d’hommes, en plus des enfants.  Elle se produira, pour la première fois, en décembre de cette même année, à l’occasion du pardon de Saint-Corentin. 

 

   b.   Vers un changement progressif

     En 1922, constatant que le faible effectif des enfants ne permet pas d’assurer, de manière satisfaisante, les voix de soprani et d’alti, l’abbé Cadiou décide de les remplacer par des voix de femmes.  A Pâques 1922, la chorale, dans sa  version contemporaine, se produit pour la première fois.             

                                     Le répertoire chanté dès 1922

 ·         Messes de Palestrina, Vittoria, Goudimel, Monteverdi, Campra, Mozart, Josquin Desprez

·         grégorien

·         Chorals  et extraits de cantates de Bach

·         Adaptation de grands chœurs d’Haendel

·         Motets de Théodore Dubois, Gabriel Fauré, César Franck et auteurs contemporains

·         Cantiques bretons, harmonisés par le chanoine Mayet et les organistes de la cathédrale.

 

    Dès 1923, l’abbé Cadiou  remet à l’honneur la fête de la Sainte-Cécile (22 novembre) en organisant une grande cérémonie ou seront interprétés, un panégyrique de la sainte, puis des pièces vocales et d’orgue. En 1970 ces fêtes cesseront. 

            

    La maîtrise continue encore à fonctionner durant les années soixante et soixante-dix. 

A sa tête, de 1955 à 1965,  l’abbé Jean Kerrien (1925-2008), également organiste qui arrangera et composera de nombreuses pièces en latin et en breton ainsi que l’abbé François Savina (1933- 2017), présent à la cathédrale dès 1969.

    Durant cette période, l’effectif de la maîtrise oscille entre 60 et 80 chanteurs. Cependant, les grands bouleversements liturgiques initiés par la réforme de Vatican II, entrainent progressivement sa disparition.